Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/17

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l’Académie française, l’avait défini avec la précision du philosophe et du savant. Et, s’il m’est permis de rapprocher mon nom de noms aussi éclatants, n’avais-je pas, moi aussi, parcourant nos collèges dans les quinze premiers jours de juillet 1914, annoncé que la génération nouvelle nous donnerait deux grandes leçons, celle du soldat, investi de la mission de rendre à la patrie sa grandeur perdue, celle du chrétien qui, rompant avec un intellectualisme décevant, irait droit à la religion connue à la source de la force morale ?

Un instinct merveilleux, ne craignons pas de dire providentiellement suscité, avait averti la jeunesse française du danger que la France allait courir et de la tâche qui lui incomberait à elle-même. De cette tâche, Péguy a donné la formule : « Il faut que France, il faut que Chrétienté continue ».

France et Chrétienté, les deux mots se rapprochent et s’unissent étroitement. L’idéal national, l’idéal religieux se mêlent au point que, dans l’esprit de ces jeunes hommes, ils semblent n’en plus faire qu’un. Ils retrouvent d’un coup toute la tradition ; il s’agit de continuer ; il faut que France et Chrétienté continuent. Retour à l’esprit de tradition et à tout ce qu’elle contient, y compris la mystique