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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/194

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poésie. Mais ce n’est pas là le compte de Claire Monestier. Les précisions de la vie l’occupent tout entière, et même au milieu des plus graves transports, son cœur sait rester intelligent. Elle voudrait que la situation fût nette et elle a peine à admettre que si Maurice l’aime, il consente volontiers à se séparer d’elle. Voilà ce qu’elle souhaite de comprendre, et c’est plus encore du trouble spirituel que de la tristesse qu’elle éprouve à sentir Maurice perdu dans les quartiers des soldats.

Hélas ! comment jamais saisir l’enchaînement mystérieux de la vie ! Quelle folie que d’y vouloir de la logique ! C’est Maurice Vincent qui a raison de s’abandonner à une éphémère minute de bonheur. Son embarras nous touche quand il voit sa fiancée interrompre par des larmes brutales la mélancolie un peu mouillée de sa rêverie. Dès les premiers mots, il se cabre, il rit bêtement, tout désemparé du mélange, avec sa fiction, du réel trop précis :

— Savez-vous, mon cher Maurice, dit la jeune fille en se mutinant gentiment, que vous êtes un être tout à fait extraordinaire. Votre régiment est une chose affreuse. Ne riez pas. Je suis bien renseignée. Tenez ! le fils