Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Holà ! s’écria le Marsouin, je vous arrête, mon cher camarade, car vous m’accorderez, dans ce cas-là, que la nation est au-dessus de l’armée, et que donc, si l’armée n’a pas les principes mêmes de là nation, ces principes sont condamnables, — que sa morale est condamnable, si elle va à l’encontre de la morale de la nation.

Beaucoup des amis de Nangès ne pouvaient comprendre les paroles de Labastière, parce que Labastière avait le goût de réfléchir sur son état, et qu’il croyait tout le monde parvenu au point de vie intérieure où il était. Il expliqua sa conception de l’ordre militaire :

— Les principes de l’armée sont nécessaires dans une nation, bien qu’ils soient contraires souvent aux principes de cette nation. Je vous dirai même tout à l’heure que la seule utilité de ce corps, de ce mécanisme qui est l’armée, c’est qu’il est indépendant, qu’il joue tout seul, qu’il fonctionne par ses propres moyens, et que c’est précisément par le jeu de ce fonctionnement indépendant que l’armée apporte à la nation un principe utile à sa vie. Vous n’empêcherez pas que nous n’ayons une mystique, que cette mystique ne soit qu’à nous, et en soit interchangeable avec aucune autre. Vous