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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/327

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Que notre Seigneur t’accompagne, Ahmed !… Au revoir, Sidi !…

Et après, ayant fini de parler, ils s’en vont. Sur une civière improvisée, quatre hommes portent Maurice…


La nuit, très longue, abîmée dans un sommeil sans rêves… Le lendemain, Nangès se réveille un peu avant le lever du soleil. Il est en haut de la chaîne montagneuse où il avait la veille, en pleine nuit, établi son campement. La courbature de ses membres lui rappelle la remontée dans la montagne, lui et ses hommes s’accrochant de roche en roche, haletant de soif et éprouvant cette lassitude désespérée qui suit les grandes tensions nerveuses.

Il s’étire, s’approche du gouffre encore enténébré. Le paysage rude, sa brutale ossature, ne lui disent plus rien. Cette plaine aux crevasses déchirées, cette plaine balayée des mois entiers par le mortel vent d’est lui semble un squelette décharné que nul souffle humain ne pourrait plus éveiller.

L’état de Maurice, si loin d’un poste, sans médecin, le préoccupait. Il envoie sur Atar un courrier rapide… Ces lendemains de combats