Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/67

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Elle avait à la main une boîte à aquarelle et, sur la tête, un chapeau de paille que retenait une longue écharpe nouée sous le menton. La boîte à aquarelle irritait Maurice. « Il ne lui manque que de pianoter, se dit-il en remontant chez lui pour s’habiller. Ce serait complet. »

Mais quand il se trouva à l’arrière de la barque, les rames à la main, et qu’il la vit assise à l’avant, et qu’elle laissait sa main dans l’eau qui faisait autour des ronds et qu’elle en fermait imperceptiblement les yeux de plaisir, il ressentit, avec l’amour ancien, une mortelle inquiétude. Allait-il bouleverser sa vie, perdre cette indispensable amie, courir vers l’inconnu, quand le connu avait tant de charme ?

Il la contemplait avec une angoisse qui précipitait les battements de son cœur. Il sentait qu’il ferait des choses fatales, inscrites, contre lesquelles il ne pourrait rien lui-même, et déjà il voyait Claire dans le lointain, perdue et fantômale.

Ils en vinrent à parler de Jouarre, que Claire ne connaissait pas. Elle demanda à son ami de l’y conduire.

— Je veux bien, dit Maurice en souriant,