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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/94

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moment où l’on ne pourra plus compter sur rien, l’on ne sera pas content de trouver intact ce vieux rempart puissant, derrière lequel chercher un peu de sécurité ?

Pour arriver au bureau de sa batterie, Timothée, qui prenait d’ordinaire l’escalier central du bâtiment, avait à traverser des chambrées dont plusieurs étaient presque désertes. Des literies, installées en cubes, et qu’aucun paquetage ne surmontait, de grands espaces vides, témoignaient que la mer, comme à la marée descendante, abandonnait peu à peu ce rivage.

— C’est dommage ! se disait Nangès. Je ne crois qu’aux armées de métier. Voici les vestiges de la dernière !

Il pensait à la faiblesse des effectifs de France, et quand il se tournait vers les colonies et vers les quelques points d’appui de la flotte que l’artillerie coloniale tenait encore, ce n’était pas une consolation qui lui venait.

— Mais les restes en sont bons, poursuivait-il. On ferait encore quelque chose avec ça !

Or, un matin de février, il fut fort étonné, au moment où, rentrant de sa promenade à cheval, il mettait pied à terre devant les écuries