Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/145

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votre culte. Vous avez votre religion, et moi la mienne. »

Une douleur mystérieuse étreint Maxence. Ce cri d’orgueil et de solitude résonne en lui. Il sent que cette force domine toute misère, que cette beauté est la plus forte. Mais les paroles de ces gens ne sont pas à lui. Que ne peut-il leur dire, dans l’exultation delà certitude :

« Ce n’est pas vous, ô voix menteuses, qui avez les paroles de la vie. Vous avez votre religion. Mais moi, j’ai la mienne. Vous avez votre prophète, mais j’ai mon Dieu, qui est le Christ Jésus. Vous avez votre livre, mais j’ai le mien… »

Mais quoi ? Il le dit déjà, et dans le péril, oublie les querelles intérieures de l’école. Devant l’Arabe, il est un Franc, tenant la certitude de sa race à tout jamais consacrée, et, sous l’aiguillon de la honte, il se dit l’enfant, combien prodigue, de son Église. Car son nom est lié à tout