Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/248

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— Vous pouvez tout, Seigneur !

— Tu peux tout, ô Maxence. Voici que dans tes mains mortelles, tu tiens la balance, avec le poids juste et le contrôle infaillible. Je t’ai libéré du joug et de l’aiguillon. Je t’ai fait plus grand que les mondes, puisque je t’ai donné commandement sur le Paradis qui est plus grand que les mondes. Or, tu me remercies de la lumière du soleil que je t’ai donnée. Mais tu ne me remercies pas de ce don plus précieux que le soleil et tout le tableau de la nature. Tu ne me sais pas gré de cette immense dignité où je t’ai mis. Et pourtant il n’est rien que j’aime comme de voir cette tête libre et fièrement secouée devant le ciel. Ô Maxence, il n’est pas de bornes à ta liberté que mon amour. »

Et le soldat, descendant en lui-même, écoute la voix du Seigneur dans le désert. Ô abîmes de la contradiction !