Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/76

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vent brûlant. Il ne tenait plus qu’à vivre immensément, dans ce brasier ouvert. La France était morte en lui.

Chaque mois, pourtant, un rapide courrier venait jeter à l’exilé des lambeaux déchirés de sa patrie. Il les rejetait avec ennui, puis se replongeait avec une joie sauvage dans sa solitude, — craignant une faiblesse peut-être, ou au contraire, se trouvant trop fort déjà pour accueillir de l’amitié, de la tendresse.

Un jour, une carte lui parvint, qu’il lut avec un plaisir étonné et de l’inquiétude. C’était une image de la Vierge en pleurs de la Salette, et au verso, il y avait ces simples lignes : « Maxence, nous avons prié pour toi du haut de la sainte montagne. Il me semble qu’elle pleure sur toi, cette Vierge si belle, et qu’elle te veut. Ne l’écouteras-tu point ? Ton frère et ton ami, Pierre-Marie. »

Pour la première fois, Maxence eut la