Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/86

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mière de la prière. Le jeune homme évoquait la figure du puissant fondateur de la secte Gadria, Sidi Abd el Kader el Djilani, qui, en plein Moyen Âge, avait enseigné les degrés qui mènent à la perfection mystique, depuis la pauvreté, jusqu’au « madjma el Baharim », le confluent des deux mers, où le croyant est si près de Dieu que pour se confondre avec lui, il ne manque que la longueur de deux ares. Maxence démêlait dans ces hautes idées l’influence de l’alexandrinisme, puis celle des lettrés de l’Andalousie, disciples d’Avicenne et d’Averroès qui s’étaient joints aux Maures revenant d’Espagne après la conquête et qui allaient répandre leur science dans le monde berbère. Or rien n’avait changé dans le Sahara méridional, depuis ces époques lointaines, et le voyageur ressentait, en s’enfonçant dans ce désert, ce parfum des mausolées d’Égypte où l’on contemple la momie,