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Page:Psichari - Terres de soleil et de sommeil (1917).djvu/211

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terres de soleil et de sommeil

avait été longue et difficile, mais les images qui avaient empli mes yeux m’avaient paru charmantes et aimables. Et maintenant, prostré dans la torpeur malfaisante des après-midi somnolents, je me demandais si l’action n’était pas une chose vaine, si l’énergie elle-même n’était pas la plus navrante de nos illusions.

De mes routes anciennes, maints tableaux incohérents apparaissaient brusquement, comme en un rêve, et je ne savais plus bien leur signification. C’étaient des vallées profondes, des sentiers s’enfonçant dans des jungles lumineuses, des plaines infinies avec des apparitions subites de demeures humaines, des mimosas épandant autour d’eux une subtile et forte odeur, une montagne rose, près d’un lac bleu… Tout cela flottait absurdement dans l’air épais où venaient s’abolir les sons et les couleurs du présent ; j’étais excédé de toutes ces formes que rien ne reliait entre elles, et qui n’étaient plus aujourd’hui que des vestiges malsains. Mais peu à peu, en m’abandonnant