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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/103

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PHYLLIS

plus que ce que vous avez, n’est-ce pas, ma chérie ?

— Beaucoup plus ! répondis-je avec chaleur. Je ne sais pas au juste le chiffre de nos revenus parce que je ne l’ai jamais demandé à mon mari, mais je suis sûre que nous ne sommes pas aussi riches. D’ailleurs, je trouve très naturel que, de nous deux, ce soit toi qui fasses le plus beau mariage…

Elle m’adressa un sourire satisfait en se levant pour passer dans le grand salon, car ces messieurs revenaient du fumoir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


VI


Il fait très froid. Brusquement, sans transition, l’hiver redouble ses rigueurs, on parle de rivières et d’étangs glacés ; si le froid persiste, demain on pourra patiner.

Un incident est venu aujourd’hui rompre mon heureuse quiétude.

Mon Dieu ! La Fontaine aux Souhaits exaucerait-elle déjà mon désir ?

J’ai demandé à connaître le mystère de l’ancienne liaison de mon mari, et l’on dirait déjà qu’une porte s’entr’ouvre devant moi.

Après le lunch, nous étions tous réunis autour du feu de la bibliothèque, du moins ceux qui étaient restés : Chip, sir Francis, lord Chandos et sir James étant allés chasser non loin de Carston, chez les Leslie.

Mon mari, souffrant d’un gros rhume, avait préféré nous tenir compagnie.

Tout à coup, Lilian entra en coup de vent et Mark lui cria de fermer la porte, tout en éternuant.

— Ne me grondez pas, lui dit-elle, je vous apporte des nouvelles : espérons qu’elles seront satisfaisantes. Voici trois lettres pour vous… Tiens ! un timbre d’Amérique ! Une carte pour lady Blanche et une lettre de ma mère pour moi.

« Rien pour vous, tante Harriett. Phyllis, un mot de Summerleas qu’on a fait porter de la part de votre chère maman.

Chacun ouvrit ses lettres en silence.

Mais en lisant le petit billet de mère je m’aperçus bientôt que les lettres dansaient devant mes yeux, cependant qu’à mes oreilles tintaient ces syllabes : « Un timbre d’Amérique. » « Un timbre d’Amérique. »

C’était obsédant ! Je n’aurais eu qu’un mouvement