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Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/142

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PHYLLIS

Oh ! si cela avait pu être Mark, il m’eût délivrée de cet abominable cauchemar !…

On gratta très doucement à la porte et la voix de Tynon demanda :

— Madame… puis-je entrer ?

Miss Dilkes se ressaisit en un instant, elle me dit tout bas :

— Vous ne voulez pas de scandale, je pense ? Répondez que oui, et si vous tenez à votre vie, pas un mot devant cet homme !

Je criai faiblement :

— Entrez.

Le domestique parut. Il eut un geste d’étonnement à la vue du vase brisé.

— Oui, Tynon, dis-je en forçant ma voix à rester calme, fascinée que j’étais par le regard impérieux de l’étrangère, oui, c’est un accident qui vient d’arriver. Enlevez ces morceaux et… laissez-nous.

En silence, à nos places respectives, nous regardâmes le valet de chambre ramasser les morceaux du vase.

Il sortit et, malgré ma frayeur, je lui jetai un regard d’avertissement. Intrigué, cet homme leva ses sourcils, avec une légère inclination de tête, et, quand il eut refermé la porte, je n’entendis point ses pas résonner dans le hall.

Un peu réconfortée par la pensée que quelqu’un pouvait, en cas de danger, me prêter main-forte, je repris la première :

— Vous le voyez, mademoiselle, j’aurais pu vous faire chasser par ce domestique, si je l’avais voulu…

— Ah ! s’il avait essayé ! fit-elle en ricanant.

— … Et je ne l’ai pas fait, bien qu’après toutes les injures que vous m’avez dites…

— Des vérités ! cria-t-elle.

— … Bien que j’en eusse tous les droits. Mais la patience humaine a des bornes. Je suis ici chez moi, et je vous prie d’en sortir.

Du doigt, je lui montrais la porte, non celle qui s’était ouverte tout à l’heure, mais la porte-fenêtre donnant sur le balcon.

Voyant qu’elle ne bougeait pas, je me levai et l’ouvris.

— Allez ! Voulez-vous donc attendre le retour de mon mari et que ce soit lui qui vous fasse sortir ?

Devant moi, de très près, elle dit avec une nuance d’étonnement :

— Ah ! ah ! la petite poupée s’anime ! Je ne croyais pas que le sang anglais pouvait s’échauffer ! Gardez votre énergie pour d’autres occasions, ma petite, vous en aurez encore besoin, croyez-moi !… Au