Aller au contenu

Page:Quérard - La France littéraire, t. 1, 1827.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être le seul pays de l’Europe privé d’un monument qui lui présentât le tableau de ses richesses littéraires, et lui rappelât la part qu’elle a eue aux progrès des sciences et des lettres.

Nous trouvant en Allemagne, de 1819 à 1824, nous eûmes l’occasion d’observer l’utilité que les savants et laborieux littérateurs d’au-delà du Rhin savent retirer de leurs livres de Bibliographie nationale ; et combien ces ouvrages sont appréciés dans le commercé de la librairie de ces contrées : c’est alors que nous conçûmes la pensée de faire pour notre pays, ce que Heinsius, Ersch, Ebert et quelques autres ont fait pour l’Allemagne, ce que Bent et Watt ont : fait pour l’Angleterre : depuis ce temps, notre travail et notre persévérance, soutenus par le désir d’être utile, et surtout par les conseils et les encouragements de plusieurs personnes d’un mérite distingué, nous ont permis de présenter au public la France littéraire, plus particulièrement pendant les XVIIIe et XIXe siècles.

Le choix de cette époque n’est pas arbitraire : présenter une nomenclature de tous nos écrivains depuis l’origine de l’imprimerie, eût été un travail immense et de peu d’utilité ; autant vaudrait, en donnant les œuvres complètes d’un écrivain, consigner tout ce qu’il a bégayé dans son enfance.

Du sein de la barbarie s’élèvent toujours des hommes supérieurs par la pensée, qui devancent leur siècle, et montrent aux siècles futurs la route des arts et des sciences, c’est-à-dire de la civilisation : mais la langue qu’ils ont parlée est à eux ; les découvertes qu’ils ont faites, sont leurs conquêtes ; c’est seulement lorsque leurs ouvrages ont passé dans toutes les mains, et que la somme de raison qu’ils avaient amassée a été, pour ainsi dire, répartie entre toute la nation, qu’il existe une littérature nationale. C’est vers la fin du dix-septième siècle qu’eut lieu chez nous ce phénomène : il suffisait donc de donner place dans notre Bibliographie à tous ces beaux génies qui l’ont précédée, et d’y comprendre depuis cette époque l’intégralité des productions littéraires de la France.

L’ouvrage que nous publions doit être considéré sous deux rapports bien distincts ; et comme Dictionnaire des écrivains français, et comme Bibliographie française.

Sous le premier, point de vue, notre France littéraire a certainement le mérite d’être plus complète que les essais du même genre que ; nous possédons et dont nous aurons occasion de parler plus