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Page:Quarré - Poésies d’Antoinette Quarré, 1843.djvu/22

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iv
PRÉFACE.

bienfaits de l’éducation, gagnant de proche en proche, mettent dans la bouche et aux doigts du plus simple ouvrier tous les moyens de répondre à l’appel du génie. Notre poésie, cette fière patricienne venue de Rome ou d’Athènes, autrefois si dédaigneuse du peuple, obéit comme nous tous à l’irrésistible mouvement qui nous emporte vers la démocratie. Ainsi, le boulanger de Nîmes a déjà trouvé parmi ses égaux de dignes émules ; et quand notre éternelle rivale en tous genres, l’Angleterre, avec son orgueil accoutumé, nous vantera ses poètes soldats, cordonniers ou valets de charrue, Agen et Dijon pourront aussi lui opposer, au nom de la France, des gloires qui se sont faites, l’aiguille ou le peigne à la main.

J’ai nommé Dijon avec la confiance qu’aucun lecteur de ce volume ne m’accusera d’exagération. Quelques-unes des poésies de Mlle Antoinette Quarré, déjà répandues dans le public, ont excité le plus vif étonnement. Elles ont obtenu à Paris, comme dans notre province, les suffrages les plus distingués. L’Académie française s’en est occupée en 1840, au sujet du prix fondé par le comte de Maillé, et la lyre de Lamartine a fait résonner dans la France entière le nom de la jeune lingère de Dijon. Son talent, qui se révélait tout-à coup si pur, si gracieux, dans une position si ingrate, trouva même des incrédules. C’était un autre genre d’éloge, moins agréable sans doute, mais non moins démonstratif. Nous