Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/106

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combien cet accord parfait entre le mode musical, l’objet de l’imitation, le local, les signes accessoires, les circonstances environnantes ; combien, dis-je, toute cette harmonie, à la fois morale et sensible, intellectuelle et mécanique, devait contribuer à renforcer le pouvoir de l’Art, et à faire entrer profondément ses impressions dans l’âme des auditeurs.

La poésie même, cet Art le plus indépendant des causes extérieures, puisqu’à vrai dire nos sens ne sont que ses intermédiaires, et que le plus grand nombre de ses images s’adressent au sens interne, la poésie avait aussi jadis, par son intimité avec la musique, des moyens de plaire plus efficaces. La déclamation notée et le rhythme lui donnaient une action de plus, et une action extérieure. Elle participait aux avantages de la représentation, et le vers, enfant de la lyre, trouvait dans l’accompagnement instrumental un charme qu’aucune lecture ne peut atteindre. Dans le drame, la musique, compagne de la poésie et rivale sans jalousie, mariait ses couleurs à celles du poète. Or, cette liaison qui existait alors entre les deux Arts, c’est-à-dire entre les idées d’un sujet, les paroles qui leur donnent une forme, et la modulation des sons qui en fait la parure, tout