Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/122

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qu’elle n’avait pu dompter, chercher le plaisir dans la rigueur des austérités, la paix de l’âme dans la guerre contre son corps, et goûter, dans l’amertume de ses larmes, les douceurs d’une expiation méritoire.

Qui ne connaît, qui ne se rappelle avec émotion, ces tourmens, ces combats, et cette longue agonie d’un cœur froissé entre l’amour et le devoir, et ce volontaire adieu qui va la séparer pour toujours de ce qu’elle aime, et l’arracher de ce palais des rois qu’elle ne devait jamais revoir ?

Elle avait voulu que la peinture lui retraçât ses combats et sa victoire. Dans le lieu même où s’était consommé l’holocauste, à l’endroit où devait reposer sa cendre, on voyait la nouvelle Madelaine offrir à l’Éternel le sacrifice de son cœur. Sur l’autel de la pénitence, sa main déposait les dépouilles de la vanité, et rejetait loin d’elle les parures du monde ; ses yeux, devenus deux sources intarissables de larmes, ne s’ouvraient plus que pour s’élever au ciel.

Ô combien les âmes sensibles aimaient à venir visiter là cette touchante peinture ! Que ne leur disait point, dans ce temple du repentir, cette expression éplorée, cette attitude suppliante ! Que de choses ne racontaient point, en ce lieu funèbre,