Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/37

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utiles, ce qui est fort différent de faire vivre les artistes par des ouvrages qui ne le sont pas. Il y a donc des espèces d’encouragement qui s’adressent à l’artiste sans aller jusqu’à l’Art : de ce nombre, je le soutiens, sont ces travaux commandés sans besoin, et qui n’imposent à celui qu’on en charge que l’obligation de s’acquitter d’une dette, ou de consommer un échange.

Je n’ignore pas ce qu’on peut dire en faveur de la méthode d’encouragement que je combats. On alléguera quelques exemples d’ouvrages dus à cet usage ; et je l’avouerai aussi. Comme il y a des êtres mal conformés, que le meilleur régime ne peut faire vivre, il y en en a aussi de privilégiés, qui échappent aux plus pernicieuses influences. De même, en fait d’institutions, les pires et les meilleures ne font ni tout le mal ni tout le bien qu’elles devraient faire. Si l’institution dont je parle avait quelques bons côtés, elle n’en serait que plus dangereuse. Quoi qu’il en soit, rien ne peut affaiblir cette double vérité, qu’il est, d’une part, impossible du produire les impressions qu’on n’a point éprouvées, et de l’autre, qu’en fait d’Art, il est impossible d’éprouver une forte impression sans la communiquer.

Si cela est, le vrai secret pour obtenir des ou-