Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/69

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SECONDE PARTIE.
DE LA DESTINATION DES OUVRAGES DE L’ART, CONSIDÉRÉE DANS SON INFLUENCE SUR L’EFFET DE CES OUVRAGES ET LES IMPRESSIONS QU’ON EN REÇOIT

C’est par trop méconnaître le principe moral des impressions que produit l’imitation sur notre âme, et c’est trop présumer de la puissance de l’Art, que de juger ses ouvrages capables de produire, en tout temps, en tout lieu, les mêmes effets comme si des sensations de la nature de celles dont il s’agit étaient des effets calculés qui dussent résulter constamment d’un principe mécanique, indépendamment de toute circonstance, et de tout concours de la part des causes moralement ou matériellement environnantes.

Et pourquoi les ouvrages de l’Art auraient-ils une propriété absolue de plaire, que n’ont pas ceux de la nature ? Ce qui nous plaît, ce qui nous charme dans les productions de celle-ci, ne tient-il pas à une multitude d’accessoires et de rapports, dont le moindre dérangement détruit ou change à notre égard l’impression qu’elles peuvent faire ? Mais qu’on examine, en quelque genre que ce soit,