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DE LA NATURE

de musique ou de ballet, prennent pour sujet de leur imitation, leur imitation elle-même, en nous représentant la représentation même d’une pièce, la composition supposée du drame, la répétition simulée des symphonies, des airs de chant, des pas de la danse.

Je cite ces exemples comme à la portée de tout le monde, et sur-tout du sens extérieur, uniquement pour faire comprendre l’idée que j’attache, dans un cercle de théorie plus abstraite, à l’espèce de distance imitative qui existe entre tous les genres de modèles et tous les genres d’images, et pour faire sentir comment le plaisir doit avoir des mesures différentes, selon les distances qui existent entre les éléments de l’image et ceux du modèle, et selon le nombre ou la différence des rapprochements que l’ame doit faire.

Mais ce qui se dit et se fait entendre clairement, lorsqu’il s’agit de distance, de comparaison, de rapprochement, entre l’objet à imiter et l’objet imitant, dans la région positive et matérielle des procédés imitatifs de chaque art, pourquoi ne le diroit-on pas et ne le comprendroit-on pas avec une égale clarté, de chacun des beaux-arts, considéré dans les propriétés, les qualités, ou les moyens fictifs qui établissent une plus ou moins grande proximité entre le modèle et le mode d’imitation de chacun ?

Si donc une opinion généralement reçue, et qui n’a pas même besoin d’être prouvée, avoit consacré