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DE LA NATURE

ment, nous force de reconnoitre qu’il n’y a pas dans la nature, par exemple, deux feuilles entièrement semblables.

On en dira autant de tous les produits mécaniques de l’industrie humaine. Nous pouvons la défier de donner, en quelque genre que ce soit, aux ouvrages qu’elle appareille avec le plus de soin, une complète ressemblance, tant sont multipliées les causes qui tendent à les diversifier.

L’idée d’une ressemblance complète et absolue n’est donc, dans la spéculation, qu’une abstraction, et une chimère dans la réalité. S’il ne peut jamais être question que d’une ressemblance approximative, jusque dans les ouvrages dont la similitude résulte d’un principe organique ou mécanique, à plus forte raison devrait-on le dire des ressemblances produites par une imitation, qui ne répéte point l’objet en réalité, mais seulement en image.

C’est ici la distinction élémentaire qu’il ne faut jamais perdue de vue, en appréciant la nature et les propriétés de la ressemblance, qu’il est donné à l’imitation de produire dans les beaux-arts.

Or, la notion fondamentale de cette espèce de ressemblance, nous est donnée par la notion d’image ; et cette notion est simple.

Il suffit de dire que l’image n’est autre chose qu’une apparence de l’objet représenté. Il y a entre l’objet et son apparence, toute la différence qui sépare ce qui