Page:Quatremère de Quincy - Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Chalgrin, architecte.djvu/11

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instruit comme monument est fort au-dessus de celle qu’on étudie comme modèle ; qu’enfin les tableaux qui peuvent produire de belles actions sont plus utiles que ceux qu’on destine à ne reproduire que des tableaux. Or telle est la supériorité des ouvrages d’art dans un monument sur deux d’un Musée.

En exprimant ces idées et ces regrets, nous sommes fort éloignés d’en vouloir faire l’application au nouveau déplacement des tableaux de Rubens. Nous en prendrions plutôt l’occasion de féliciter les arts de la nouvelle direction que le Gouvernemnent actuel s’empresse de donner à leurs productions, en les appelant de nouveau à devenir dans les temples, dans les palais, dans les monumens publics, les interprètes des plus nobles sentimens, les historiens de nos exploits, les gardiens de nos traditions. Pourquoi même ne nous permettrions-nous pas l’espérance de voir réaliser, dans l’aile du palais de Médicis correspondante à celle de l’ancienne galerie, le projet d’une galerie d’Henri IV ; projet connu jadis par cette reine, et qu’avait déja commencé Rubens. Certes, Messieurs, l’occasion serait et belle et propice ! Sans doute il nous est permis de croire que le digne héritier d’Henri IV ne manquerait pas de trouver des successeurs à Rubens. Quel temps d’ailleurs plus favorable pour reprendre cette entreprise, que celui où tous les sentimens d’amour pour les petit-fils du grand Henri, remontent naturellement vers ce chef de la famille, et où, par un retour heureux, tous les hommages rendus au chef ne sont que l’allégorie de ceux que nous aimons rendre aux descendans ?

Ce n’est pas comme vous le voyez, Messieurs, ce qu’il y eut de moins honorable dans la carrière de M. Chalgrin, que d’avoir pu se mesurer aussi avantageusement dans le palais du Luxembourg avec Desbrosses, qu’il l’avait fait à Saint-Sulpice avec Servandoni. Mais il eut encore la gloire de faire revivre les talens de son premier maître dans cette partie brillante de l’art, où l’invention et le génie de la décoration se développent avec plus