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Page:Quatrième centurie des questions traitées ez conférences du Bureau d'adresse, 1641.djvu/265

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les fourberies et les tromperies dont les imposteurs se servent à falsifier ces cornes de Licornes, en prenant de l’ivoire, ou des cornes, ou même des os d’éléphants, ou d’autres animaux longtemps gardés sous terre, où il acquièrent plus de solidité et quelques transparences par le moyen du sel de la terre lequel s’y insinue comme il arrive à la porcelaine, que l’on tient pour ce sujet un siècle entier, ni ce qu’il y a d’autres corps naturels ou artificiels qui bouillent dans l’eau78, et même quelques pierres qui suent à l’approche du venin, ce qui procède de ce que le venin épaissit l’air qui s’attache au corps prochain qui est solide. La couleur n’y fait rien pareillement : vu que la fuite des années l’a peu altérée. Joint que les anciens n’ont attribués à la noirceur qu’à la corne de l’âne indien et à celle du Rhinocéros79. Et quant à l’odeur qui se trouve dans la corne de Licorne qui est en Suisse80, c’est un indice qu’elle est falsifiée, ou du genre des minéraux81, la composition des cornes étant trop ferme et solide pour rien évaporer, ceux qui les ont distillés par le feu ayant appris qu’elles abondent en un sel qui n’a point d’odeur, et en un souffre puant. Aussi ce doit être les excréments de l’animal, comme est son poil et sa corne, de mauvaise odeur82, si ce qu’on nous allègue est véritable qu’il apprivoise les bonnes odeurs qu’en chassant les mauvaises dehors. Bref il n’est pas croyable que Clément VII, Paul III, et plusieurs autres aient pris cet animal pour leur arme s’il n’eut pointé été83, et que les Papes ne manquent point tant d’hommes entendus que Jules III en eut acheté un fragment douze mille écus duquel son Médecin84 s’est servi utilement à la guérison des maladies qui avaient quelque chose de vénéneux. Car Marsile Ficin85, Brassavola86, Mathiole87, Aloysius Mundela88 et plusieurs autres médecins les recommandent à cette maladie là, particulièrement à la peste, à la morsure du chien enragé, aux vers, au mal caduc89, et autres telles maladies extrêmes. Pour la fin, j’estime que les effets qui dépendent des propriétés occultes, comme celui-ci, ne se doivent pas condamner témérairement : se souvenant que notre savoir est borné, et partant qu’il faut déférer aux autorités raisons et expériences qui établissent la corne de Licorne et ses merveilleux effets, sauf à se garantir d’imposture.