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LETTRE DÉDICACE

la dousik-kouant murmure quelquefois : « 0 ma iné ! — O mon âme ! » Et le timide amoureux répond par un sourire silencieux. Ils s`aiment ‘ tout bas, comme les oiseaux sous le hallier. W C’est à la mere que nous avons réservé les paroles caressantes. Que de berceuses bretonnes sont entrecoupées de ce refrain : ` t

« Ma c’halonik le — Mon cher coeur ! » `

Les enfants ont tous l’habitude de ce puéril baiser, qui les apaise :

« Tammik kalon he vamm ! -— Petit bout de coeur de sa mere l »

Les Bretons grandis se souviennent du sortilège maternel. Gardant aux lèvres leurs premiers vœux d’innocents, mais éperdus sous la caresse ou la flamme d’un regard, ils ont une captivante superstition de la Femme...

Et c’est la le secret de leur mélancolie. Atteints sans merci, ils tiennent leur blessure discrete : car ils redoutent le dédain, qui tue l’amour. Et ils transportent leur détresse dans · les solitudes. Ecoutant les voix aériennes, ils reconnaissent leur propre peine dans la plamte des vents par les bruyères et les landes, dans les chemins creux ou sur les vastes grèves. Ceux qui _ont obtenu ces conlidences de la nature, ont goûté en des joies amères une telle