Page:Quellien - Chansons et danses des Bretons.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
27
NOTES DE VOYAGE

PierreLegrand de Morlaix, à de Garaby ou aux Bollandistes.

Cependant, lorsqu’on rencontre le culte d’un même saint, établi à des endroits différents, on reconnaît que la légende n’est pas restée, en tous ces lieux vénérés, exactement la même : une anecdote locale s’est ajoutée ici, a disparu là-bas, est ignorée ailleurs, suivant que le sens en a été saisissable ou s’est détiguré pour les fidèles ; jusqu’au vocable qui n’est pas uniformément maintenu : saint Yves de la Vérité n’a existé qu’à Trédarzec, et sa chapelle servait de rendez-vous pour jeter les sorts aux mauvais payeurs, aux parjures et aux faux témoins. Et c’est pourtant ce saint Yves, qui est si célèbre même en dehors de la Bretagne ; il naquit aux environs de Tréguier, cl c’cst à Tréguier qu’on est le plus dévot à sa fête ; voici un trait de sa vie toutefois qui est inconnu des Trécorrois, Un jour que cc « patron des pauvres » passait par Yvias, il s’interposa devant une action inique cl une brutalité que les habitants allaient commettre. Mais sa bienfaisance ne fut pas agréée ; la fureur populaire seulement changea d’objet et se tourna contre lui-même ; il fut pourchassé et faillit être lapidé ; iiiie pierre l’ayant atteint à la tête, le saint se retourna vers ces forcenés, les maudit et condamna, dans ce pays, le premier né de chaque famille à porter une corne au front. 11 paraît que, jusqu’à l’avant-dcrnièrc génération, les enfants d’Yvias avaient encore celle bosse de la malédiction.

Et cet Yves Hélouri n’est qu’un moderne, relativement à ces émigrés qui ont donné leur nom à la Bretagne. Il y a treize ou quatorze cents ans qu’ils ont vécu ; leur souvenir a laissé naturellement des traces moins précises et des images plus flollantes que ce j’eclcitr de Louaniiec, prêtre et avocat, dont les moindres actes de béatification sont dûment publiés. Moines ou ermites, il y en a même dont on dirait qu’ils sont venus de si loin, qu’on ne sait plus même leur nom : on en est réduit à deviner et à rétablir quelque chose de leur personnalité à l’aide de leur seule attitude. Ainsi, dans l’église de Ulcyben, ce pèlerin qui tient d’une main son bâton et qui porte dans t’aolrc main un nid, où une colombe est en train