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NOTES DE VOYAGE

peu (Vannées encore ; une femme très avancée en âge est, parait-il, la seule qui ait conservé ce gwerz dans sa mémoire : elle avait l’habitude autrefois de le chanter, comme un cantique de pèlerinage, en parcourant le bourg, de temps à autre ; on no la revoit plus dans le pays, et personne ne connaît ou le nom ou la demeure de cette vieille mendiante.

D’ailleurs, ils se font vieux et ils deviennent rares, ceux qui connaissent aujourd’hui les gwerz religieux, el ces cantilènes historiques achèvent leur temps. Elles auront eu le même sort que les mystères du moyen âge ; après avoir servi à l'édifîcation des fidèles, ces pieuses » proses du jour» ont été chassées de l’église, et elles sont restées finalement sur la place publique. Et encore un peu de temps, on ne les entendra plus, autour des chapelles consacrées, à l’occasion du pardon annuel. Ce sera le lourdes cantiques. On chantera une sorte d'hymne qu’un kloarek, ou le vicaire de la paroisse, aura composé d’après la Vie des Saints : la louange du bienheureux, mêlée d’invocations et de conseils pour les suppliants qui sont accourus à la fête patronale. Il ne faudra pas trop chercher la poésie dans ces proses nouvelles. Un des plus ébruités, entre ces cantiques modernes, a été fait en l’honneur de saint Yves ; avouons que le célèbre «avocat de la veuve et de l’orphelin », né aux portes de Tréguier. aura vainement attendu six siècles le digne chantre auquel il a tant de droits dans son pays natal,

Voici une strophe ou deux du guerzen (le mot ancien a persisté) en l’honneur de sainte Tréfine, entendu à Cléguérec, dans le Morbihan :

Eid Gomor he fried cruel
Trifine quen douç avel un oen
De bedein Doue e oe fidel ;
Eî-ce pedet e creis hou poen.

Tremeur dehi p’en de gannet,
Arlerh en trebilleu brassan.