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CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

doléances el de déplorer la tolérance excessive de notre poétique particulière. Vraiment, il y a trop de gens qui écrivent en vers bretons — mais n’cn dît-on pas autant, ailleurs qu’en Bretagne ? — sans avoir la moindre idée de l’harmonie des syllabes et de la sonorité des mots ! La plus simple assonance suffît à ceux-là ; et pnis, ils alignent leurs syllabes en nombre réglementaire, — el encore ! — de mémo qu’un cantonnier entasse des pierres sous le boisseau, et ils no se sont pas une seule fois doutés qu’une àme palpite fatalement dans un beau vers

On dit que le dernier des aédes omit, avant de mourir, de briser la cithare sur laquelle il avait chanté* Ainsi ia poésie lyrique, en Grèce, survécut aux chanteurs populaires* Un poète ne se serait pas présenté dans une assemblée du peuple sans apporter rinstrumcnl dont il accompagnait lui-méme ses propres compositions*

Il y a beau temps que les bardes de Bretagne onl renoncé à la harpe celtique*. Par contre, ils ne s’expriment pas en 1. Jamaia la plainte que pexprîme, comme toute ? celle ? qui oat trait à la dècadeuce de la choze purement bretonne^ ne fut plus fondée qu’à noire époque

  • Par un contraste frappaatf ce sont les vteïllardfl qui nkutcel Bbaiseemant

et cee pronostics funèbres ; lei jeunes geus d’aujourd’hui sont d’un ealhouaîasme assez platonique pour la petite patrie. J’avais lAcbè de décider quoi" quea^uDs à conUauer mes recherches en mou absence ; à part des prêtres el quelques matlres d’ècole, ils ont manqué à toutes leurs belles promessea* Un ancien camarade de collège que j’avais lèussl à pousser dans La bonne voie, M* H. de La Monneraye, m’est resté tidële longtemps. Après M. Uelafargue, c’esL lui qui m’a rendu les meilleurs services. IL u beaucoup de ce qui e ?! requis pour notre longue et patiente besogne, de la curiosité, du sens critique ; 11 a recueilli aux euvirooB de Carhaix des notes et des proverbes, dont l’euvoi était parfois accompagné d’eicellenles paraphrases ; mathcureusement, je crains que rindilTéreace générale ne Tait depuis gagué aussi. Cepeodant Je temps presse ; et comme Ton dit quand il esta l’orage, si la moisson n’est pas ramassée ^ bientôt, ce sera trop tard. L’Age moderue est ^a rude niveleur, il sera funeste aux mœurs locales ; lorsqu’il aura tiré la Bretagne de sou isolemeuL, TorigU Dallté de la région résistera, cetLe de la race aura disparu : Tethnographie n’a plus là do temps à perdre.

2. Ce D*est mémo pas cerlain que les bardes bretons se soient jamais servis eux-mèmeade la ielerif comme ceux de Galles. Mais avancer que le peuple ne comprend pas le sens de fefea et que ce mot u’exUle plus que dans le titre (re/en