Page:Quevedo - Don Pablo de Segovie.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à la voix, le félicitèrent en chœur sur sa bienvenue. Il les embrassa tous, et ils commencèrent à l’instant à lui demander, les uns une oraison pour le juste Juge en vers graves et sentencieux et telle qu’elle donnât lieu à des gestes ; d’autres en demandèrent pour les âmes du purgatoire, et en conséquence il reçut de chacun d’eux huit réaux pour arrhes. Il les congédia et me dit : « Les aveugles doivent me valoir plus de trois cents réaux ; ainsi je vais, avec votre permission, me retirer un peu à l’écart pour faire quelques-unes de ces oraisons, et après le dîner, nous entendrons la Pragmatique. » Oh ! la misérable vie ! car il n’en est pas qui le soit plus que celle des fous, qui gagnent de quoi vivre avec d’autres fous comme eux.