Page:Quicherat - Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1886.djvu/288

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col et deux piez d’aspoisse[1] ; » de sorte que col est la saillie des pièces de renforcement.

Si on compare le monument dans son état actuel avec le dessin de Villard de Honnecourt, on verra qu’il a subi peu de modifications. La pyramide qui surmontait la tour a été démolie de fraîche date pour soulager sa base. Quant aux statues de bœufs placées entre les arcades du troisième ordre, elles existent encore[2] ; mais un détail singulier que présente le manuscrit a disparu depuis si longtemps qu’il n’en est mémoire nulle part. C’est une main colossale qui faisait saillie sous l’entablement du premier étage aux avant-corps. On sait la signification de la main employée comme symbole par les sculpteurs et peintres de l’époque romane. Celle-ci, comme de coutume, est dans le geste de la bénédiction ; mais conformément au rit de l’église grecque, elle a l’index élevé, et le doigt du milieu ramené sur le pouce. Ces deux doigts ne sont pas en contact immédiat. Ils pressent un petit objet en forme de quintefeuille, qui est peut-être une représentation de l’hostie.

Rose du grand portail de la cathédrale de Chartres (fol. 15 v.). — La légende est tracée dans la bordure extérieure de la rose :Ista est fenestra in templo Sancte Marie Carnoti. L’exactitude du dessin est parfaite.

La rose de chartres est des plus belles, quoiqu’elle appartienne au gothique primitif. Un texte que je n’ai pas vu cité dans les monographies, conduit à en placer l’exécution avant 1155, puisque l’évêque Gosselin, mort cette année-là, légua cent livres ad opus turris[3], ce qui prouve que le portail était alors élevé au moins jusqu’à la plate-forme.

Rose du portail méridional de Lausanne (fol. 16 r.). — Avec cette double légende écrite dans la bordure :Ista est fenestra in Losana ecclesia ; et, C’est une reonde veriere de le glize de Lozane.

10° Études sur la cathédrale de Reims (fol. 30 v.). — Élévation à l’intérieur de l’une des chapelles placées au chevet de cette église. Ce dessin a pour légende :Vesci le droite montée des capeles de le glize de Rains et toute le manière ensi com eles sunt par dedans droites en lor estage ; « Voici l’élévation des chapelles de l’Église de Reims et la manière dont est disposé tout l’étagement de leur architecture à l’intérieur. » A la hauteur de la corniche qui surmonte le soubassement,

  1. Bulletin des comités historiques, t. I, p. 48.
  2. Voir la notice de M. Jules Marion sur la cathédrale de Laon ; et l’interpretation de la présence des bœufs donnée par cet archéologue.
  3. Gallia christ., t. VIII, col. 1142.