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CRÉPON


A Judith Gautier.


Des oiseaux merveilleux, onglés de griffes d'or,
Tracent dans le ciel calme un candide sillage
Et la migration d'un éternel voyage
Tend vers des pics lointains leur immuable essor.

Le caprice du peintre ouvrant leurs ailes vaines
Fige ironiquement loin des vierges sommets
Leur vol : blancs exilés, vous n'atteindrez jamais
Les cimes que le soir vêt de pâles verveines.

Mais le rêve des monts vous donne leur fierté,
L'eau des lacs inconnus frémit dans vos prunelles
Et l'héroïque amour des neiges fraternelles
Illumine vos yeux de gloire et de clarté :