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DU MANGEUR D’OPIUM

différentes, grâce aux mêmes bévues inexcusables dans les précautions prises, et au défaut d’entente dans les plans. Dès qu’ils avaient porté leurs vues sur le nord, les rebelles avaient pris position sur la hauteur de Corrigrua, d’où ils pouvaient avantageusement se mettre en marche vers la ville de Gorey, située à sept milles au nord. Le premier juin, avait eu lieu un très brillant engagement entre une faible poignée de miliciens et de yeomen, venant de cette ville de Gorey, et un très fort détachement du camp des rebelles. À cette époque, bien des gens regardèrent cette affaire comme la bataille la mieux conduite de toute la guerre. Les deux troupes s’étaient rencontrées à environ deux milles de Gorey, et il est bien certain que si l’on eût pu décider la cavalerie des yeomen (qui servaient rarement à quelque chose) à faire une charge au moment favorable, la défaite aurait été des plus sanglantes pour les rebelles. Quoi qu’il en soit, ils se tirèrent d’affaire au grand dépens de leur honneur. Mais ils réparèrent aussi cette brèche peu de jours après, et dans des conditions qui furent encore plus honteuses pour les chefs militaires haut placés que ne l’avaient été les manœuvres du général Fawcet dans le Sud.

Le 4 juin, une petite armée de 1500 hommes, que commandait le major-général Loftus, s’était réunie à Gorey. Il s’agissait de marcher par deux routes différentes sur le camp des rebelles à Corrigrua, et ce plan fut adopté.

Pendant ce temps, et la même nuit, l’armée rebelle s’était mise en marche pour Gorey. Des renseignements précis avaient été apportés en temps utile sur cette contre-manœuvre, par un fermier, au quartier général des troupes royales, mais telle