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DU MANGEUR D’OPIUM

Lors de la guerre du Parlement (1642-46) on trouve un fait intéressant, mais en même temps de nature à dérouter le lecteur inattentif, savoir que beaucoup d’officiers de distinction, dans les deux partis, amenaient des voitures fermées au quartier général, et que parfois même ils se rendaient dans ces voitures sur le champ de bataille, ne montant à cheval que quand on commençait les préparatifs pour quelque manœuvre importante, ou un mouvement général. Le même procédé avait été employé pendant la guerre de Trente Ans par les officiers-généraux de la Bavière et de l’Empire, et dans la suite par les officiers supérieurs suédois. Et ce qui montre combien ce genre de luxe était répandu à cette époque, c’est que quand deux princes de Mecklembourg, dépossédés de force par Wallenstein, eurent été rétablis dans leurs États, un avis lancé fort peu de temps à l’avance fit réunir plus de quatre-vingts voitures, tant de la noblesse du pays, que dans le camp. Néanmoins, c’était précisément aux quartiers-généraux ou sur la route d’une armée que des voitures de cette sorte pouvaient être de quelque utilité et les meilleurs moyens de transport. Encombrantes, peu maniables, comme nous les voyons dans les tableaux, elles n’étaient que ce qu’elles pouvaient être, elles étaient construites de façon à s’accommoder aux routes. Des voitures construites comme celles de nos jours, en roseau, (l’on pourrait même dire, en liège) auraient été disloquées dans les deux premières heures sur les routes d’Allemagne ou d’Angleterre. De toiles voitures eussent fait à nos ancêtres l’effet de jouets d’enfants. Encombrantes comme l’étaient les leurs, elles ne pouvaient pas l’être plus que de l’artillerie ou des