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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

pour l’éducation, ou plutôt, les vastes ressources qu’on y trouve pour l’étude.

On raconte une histoire plaisante au sujet d’un candidat aux ordres ecclésiastiques, à qui le chapelain de l’Évêque demandait s’il avait été à Oxford, expression courante dont le sens était « — Avez-vous reçu une éducation académique ! » — Non, répondit-il, mais j’ai été deux fois à Abingdon. Abingdon n’était qu’à la distance de sept milles.

Je pourrais parler de la même façon d’une première visite que j’avais faite à Oxford, où je n’avais fait que passer en compagnie de Lord W. quand nous étions encore des enfants. Cette fois-ci, au contraire, je me dirigeais vers ses vénérables tours, en qualité d’étudiant, pour m’y établir d’une manière durable. J’étais intéressé personnellement à connaître l’organisation de l’Université, et j’avais un obscur pressentiment que dans cette ville, où tout au moins pendant la période où je faisais officiellement partie de son corps académique, les parties les plus lointaines de ma vie future se dérouleraient devant moi.

En ce temps-là tous les cœurs étaient occupés des intérêts publics du pays. Le chagrin de l’époque allait arriver à l’époque où il devait être moissonné pour la seconde fois. Napoléon avait commencé, au printemps de cette année-là, sa guerre de Vandale, ou plutôt de Hun avec l’Angleterre ; il y avait environ huit mois, et il fallait tout le profond intérêt que cela inspirait aux cœurs les plus froids, pour que je consentisse à y prendre quelque part, alors que toute mon attention était accaparée par le fait solennel de mon début dans la vie. Ce langage peut paraître exagéré de la part de