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SOUVENIRS AUTOBIOGRAPHIQUES

ce droit, comme il boit tout autant de vin que le Gentleman Commoner, et que son vin n’est pas de qualité inférieure, on ne voit aucune explication plausible d’une plus forte dépense pour sa classe que pour l’autre. Néanmoins l’impression universelle est en faveur de cette supposition. Tout le monde croit que le rang de Gentleman Commoner impose un lourd surcroît de dépenses, quoique bien peu de gens demandent le pourquoi. En fait, il est vrai, selon mon opinion, que les Gentlemen Commoners dépensent le tiers ou la moitié de plus que le même nombre de Commoners pris au hasard. Et la raison en est limpide : ceux qui se font Gentlemen Commoners y sont généralement déterminés par le fait qu’ils ont de l’argent en abondance ; ce sont des fils aînés, ou des fils uniques, ou des hommes déjà entrés en possession de leurs domaines, ou encore, dans une proportion aussi forte que toutes les autres réunies, ce sont les héritiers de grandes fortunes récemment acquises, — les fils de nouveaux riches, classe qui a besoin de traverser une génération pour que le frottement fasse disparaître l’insolence d’une supériorité qui s’affirma d’une manière trop consciente. Je les ai qualifiés de classe aristocratique. En réalité ils n’en sont nullement ; sans doute ils forment une classe privilégiée, mais leurs privilèges sont en petit nombre et sans importance sans compter qu’à ces privilèges sont attachées une ou deux charges qui emportent le plateau de la balance, selon l’opinion générale ; tout bien considéré la principale distinction dont ils jouissent consiste à pouvoir s’annoncer au public comme personnages qui ont une grande fortune ou de grandes espérances, et par suite comme sujets très propres à