S’assemblent en suivant vos rimes cadencées,
Comme au souffle des bois font les oiseaux de nuit.
Vivants, nous fûmes tous des soldats d’Italie ;
De notre souvenir la Maremme est remplie,
Et le Tésin lombard roule aujourd’hui nos os.
Notre épée a cueilli le myrte de Vérone ;
La rose de Mantoue a fait notre couronne ;
Mais le glaive aiguisé nous a fait nos tombeaux.
Ne reverrons-nous plus, dans leur urne d’albâtre,
Les flots du lac de Côme, et la cime bleuâtre
Où l’amandier en fleur renaissait sous nos pas ?
Est-ce l’heure où du jour la sanglante paupière
Se rouvre au haut des monts en un nid de lumière ?
Et les vautours ont-ils achevé leurs repas ?
Ah ! Sous les neiges de nivôse
Avant que l’aube fût éclose,
Sur le plateau de Rivoli
L’éclair de mon casque a jailli.
Au plus épais de la bataille,
Quand sous leur sanglante muraille
Les hautes Alpes ont tremblé,
Masséna, Joubert m’ont parlé.
Que mon épée était joyeuse !
C’était mon bien, mon amoureuse.
Couchée à mon côté, sans bruit,
Elle me veillait dans ma nuit ;
Elle étincelait dans mon rêve,
Et me disait : " Viens, je me lève ! "
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