Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/201

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Un épervier de Corse ? -oui, j’ai vu sa grande aile.
Là-bas sa griffe saigne, et son œil étincelle.
Épervier d’Aboukir, ferme ton aile d’or !
Sauve-toi dans ton nid, pélican du Thabor !



XIII. LE PACHA

 
Le pacha de Damas a rêvé de poignards,
D’ataghans ciselés et d’assauts aux remparts.
Ses femmes ont de pleurs mouillé son cimeterre,
Et roulé sur son front son blanc turban de guerre ;
Et déjà ses trois fils, descendus de sa tour,
Ont porté cette lettre au bey de Damanhour :
" Mon frère, allez seller vos cavales rapides,
Venez les attacher au pied des pyramides.
Pour la fête du glaive amenez-moi vos fils,
Vos gendres, vos neveux, avec tous leurs spahis ;
Arrachez votre tente, et quittez vos murailles :
Vous trouverez de l’ombre au palmier des batailles. "
Ah ! Quand ils ont passé, le désert a tremblé ;
Mainte ville des morts sous son toit a croulé.
Derrière eux qui se presse ? Est-ce un vent de carnage ?
Est-ce un troupeau que mène une autruche sauvage ?
Non, c’est dans le chemin, le bey de Damanhour,
Avec tous ses neveux et ses fils alentour.
" Frère, que voulez-vous ? La fête est-elle prête ?
Avez-vous vu briller le sabre du prophète ?