Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/217

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César n’a point d’égal ; Brutus n’a point de vices.
Qu’en penses-tu, mon âme ? Il faut que tu choisisses.
Brutus est la victime et meurt avec sa foi ;
César est le tyran et fait vivre sa loi.
Brutus est la vertu ; César est la puissance.
Mon âme, achève donc, et quitte la balance.
Brutus est le mortel qui survit par hasard ;
César le dieu sur terre… Ah ! Je serai César.



XVIII. LE PREMIER CONSUL

 
César, salut ! Voici les faisceaux consulaires,
La foule, les licteurs, les haches populaires,
Sous le fouet triomphal les quadriges fumants !
Vieux consul à l’œil fauve, oh ! Depuis deux mille ans
Que la tombe a bien su rajeunir l’esclavage,
Et refaire ton œuvre et ton blême visage !
Les vers filent-ils donc aux morts dans le tombeau
Deux fois leur pourpre neuve ? Et quand ton lourd manteau
Des eaux du Rubicon est ruisselant encore,
Comment as-tu quitté ton sépulcre sonore ?
Et comment sur ton front, au soleil de Lodi,
La couronne de chêne a-t-elle reverdi ?
Pour entraîner ton char en sa nouvelle ornière,
Combien de nations, sous ta verge guerrière,
Veux-tu tenir en bride ? à laquelle d’abord
Veux-tu mettre aujourd’hui la selle et le frein d’or ?