Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/232

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Il entend au bivac, sous le vent et la pluie,
Sa bataille qui hurle au fond de son génie.
De sa vaste pensée, à l’heure des combats,
Ainsi que d’une tente il couvre ses soldats.
" Quelle heure est-il ? -minuit ! -que le jour tarde à luire !
" Quittez votre sommeil, mes maréchaux d’empire,
" Mes soldats d’Italie ! Allons, ouvrez vos yeux.
" Vous dormirez demain ; et jamais sous les cieux,
" Non, jamais sous mon toit, sous mes tentes guerrières,
" Un sommeil plus pesant n’aura clos vos paupières. "
Et la vedette appelle au loin, puis alentour ;
Car voilà qu’avant l’aube elle a vu le vautour ;
Et la lune a monté sur ses créneaux d’ivoire.
Comme un soldat penché sur un fleuve de gloire,
Au bord de l’Orient, le soleil du Thabor
De lumière et d’orgueil remplit son casque d’or.



XXIII. AUSTERLITZ

 
" Duroc, il fait grand jour ? Mon cheval, mon épée !…
Elle est dans le fourreau de sang déjà trempée !
On nous attend là-bas, messieurs les maréchaux,
Où la tour d’Austerlitz pavoise ses créneaux.
À cheval ! à cheval ! Voyez-vous mon étoile,
Au loin vers ce clocher, où l’horizon se voile ? "
Il parle dans les rangs tout haut à ses soldats :
" Quel est ton nom, ton âge, et combien de combats ?
"