Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dont la pointe d’argile est si vite émoussée
Sitôt qu’on se cuirasse avec une pensée !

Adieu, casques de bronze, aux cimiers chevelus
Que le glaive d’en haut a si vite rompus,
Dès qu’il les a touchés ! Pour une autre blessure,
Mes soldats, revêtez une meilleure armure.
Adieu, mur qui s’écroule autour de ma cité
Sitôt qu’il faut lutter avec l’éternité !
Adieu, fleur des combats sur ta tige flétrie,
Beau pays du clairon ! Adieu, France ! Patrie !
Adieu, peuple-empereur ! Abdique tes destins.
Quitte avec moi l’empire et les vastes desseins.
Montre ce que tu peux, sans guide, en ton ornière ;
Et creuse un peu plus loin ton sillon de misère.
Avec moi, peuple-roi, déchire ton manteau.
Dépouille la couronne et choisis un tombeau.
Efface au bas du mien ton nom sur cette page !
Majesté de néant, reprends ton héritage !
Le voici tout entier ; et sans moi, dès demain,
Va ramper dans la foule avec le genre humain.
Et toi, vieil univers, contente ton envie ;
Dors en paix, désormais, le reste de ta vie.
Repose-toi mille ans, sans t’éveiller la nuit
Pour voir à mon côté si mon glaive reluit.
Ne tremble plus si fort dès que la nue est sombre ;
Le grand Napoléon n’a plus rien que son ombre.