Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VII, 1857.djvu/304

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Comme font les vivants, pleins de haine et d’espoir,
Tous ils ont, sans faillir, combattu jusqu’au soir,
Muets pendant le jour, muets dans la nuit sombre ;
Et leurs corps à leurs pieds ne projetaient point d’ombre.


XLV. LES CLAIRONS

 
Et, là-bas, mieux que les cavales
Les hardis clairons hennissaient.
Et les voix d’airain des cymbales
Plus que le glaive frémissaient ;
Comme des chœurs de suppliantes,
Des cris de veuves et de sœurs,
Qui, le sein nu, toutes sanglantes,
Lèvent les mains vers les vainqueurs,
Et chancelant dans son ivresse
Le glaive écoutait ces accords ;
Et des murmures d’allégresse
Erraient sur les lèvres des morts.
Et l’espérance dans la nue
Luisait alors sur les vivants,
Comme au ceinturon suspendue
Luit une épée à deux tranchants.

" Bons ouvriers de funérailles,
Le temps est court ; l’ouvrage est long.
Oh ! Sous la glèbe des batailles
Creusez l’abîme plus profond.