ui dit à la ruine : tour de marbre, tour d’Orient, votre toit est à terre.
Chœur.
Oui, pleurez, faucons dans votre nid ; pleurez,
rois dans vos broussailles. Le pays d’Orient
a perdu son été, qui mûrissait sur la branche
son or et ses dieux. Le soleil du monde n’est
plus à son matin, il va chercher son étable
dans d’autres climats. étoile des bergers, le
suivrez-vous si loin, jusqu’au pays du soir,
où le givre pend aux arbres, où le bouleau
blanchit, où la mousse soupire, où le cerf,
avec sa charge de ramée, va bramant dans les
forêts noires ?
Ecoutez ! Les sphinx se font un suaire de sable
jusqu’au cou. échevelées, les villes
redescendent leurs escaliers. Tremblantes,
elles se blottissent sous la bruyère ardente.
L’arceau se rompt, la colonne plie ses genoux,
le sommet de la pyramide demande à la cigogne
de le cacher sous son aile.
Pâle, la foule se disperse ; pâle, la foule
s’évanouit. Tout un peuple engraisse de sa
cendre un palmier, et tout un empire une
fleur d’aloës. De Babylone, il reste un
chevrier, sans sayons, qui siffle ses chèvres ;
des armées de Perse, un gardeur de cavales
qui trait leurs mamelles.
Là haut, sur le mont, le cyprès pour gémir s’est
habillé de noir ; la citerne s’est tarie.
Là-bas, dans la vallée, le chacal s’est
arrêté ; il regarde, il hérisse son poil,
il hurle à un monde qui n’est plus :
réveille toi. L’écho dans le mont, l’écho
dans la vallée, l’oasis qui l’écoute, la mer