Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/145

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Tu n’en as pas besoin ; tu auras pour cotte de maille ton tissu de douleurs, et, pour manteau, le vent, la neige et la pluie d’une nuée éternelle.



Ahasvérus.

Je ne connais point de chemin hors de la Palestine et de l’égypte.



Saint Michel.

Tu suivras les cigognes, tu marcheras dans tes ronces.



Ahasvérus.

Dites-moi quelles villes je trouverai sur ma route.



Saint Michel.

Les villes par où tu passeras s’écrouleront derrière toi, et les peuples que tu quitteras en te levant ne vivront plus le soir.



Ahasvérus.

Comment sont faites leurs murailles ?



Saint Michel.

Elles dorment encore sous des haies d’aubépine, comme l’oiseau sous son aile. La pierre de leurs murailles à créneaux est encore dans le rocher ; la poutre de leurs toits est encore dans la forêt ; le trèfle de leurs fenêtres à ogives est encore dans les prés.



Ahasvérus.

Leur chemin, où mène-t-il ?



Saint Michel.

Là où s’en est allé celui qui t’a maudit.



Ahasvérus.

Comment ferai-je dans les forêts inconnues, là où il n’y a point de sentiers ?



Saint Michel.

Tu iras par les bruyères frapper du pied à la porte des peuples inconnus qui sont endormis, sur leu