Et toi, beau messager, dis-moi ce que tu as entendu.
Le Messager.
J’ai entendu dans les Alpes les avalanches qui
roulaient dans le fond des vallées, et les
cerfs qui bramaient sous les branches des frênes.
Est-ce là le bruit qui vous a tenu éveillé ?
(un troisième messager arrive.)
L’Empereur Dorothéus, au messager.
Et toi, qui portes des sandales ferrées, dis-moi
ce que tu as vu.
Le Messager.
J’ai vu les eaux vertes du Danube, qui grondaient
sur des rochers de granit, comme la voix d’une
foule en colère.
(dans le lointain.)
Chœur des Peuples Barbares.
Chœur Des Goths.
« Savez-vous un bon signe pour l’homme des combats ?
C’est un bon signe si le cliquetis du glaive
est accompagné du cri du corbeau et des
hurlements de la louve de Fréya sous le frêne
d’Ygdrasil. Le vautour des montagnes sait le
sentier où va mourir le cheval sauvage qu’il
ombrage de ses ailes ; et nous aussi, nous
savons le chêne sous lequel s’est abattue la
cavale de Rome que nos serres vont déchirer.
Nornes et valkiries, mêlez dans vos chaudières
le bec de l’aigle, les dents de Sleipnir, l’ivoire
de l’éléphant, qui font les runes des combats
et donnent la sagesse aux lèvres qui les
touchent. Par le bord du bouclier, par la
proue du vaisseau, par la pointe du glaive,
par la roue du chariot, par l’écume de la mer,
suivez-nous, soyez-nous propices. Le corbeau
se penche sur l’épaule