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Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/183

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Sur la montagne il y a un château ; dans le château il y a trois tours ; dans chaque tour il y a un fantôme : dans la première, Herrmann s’appuie sur le balcon avec un pourpoint bleu et une toque couleur de feu ; il regarde le Rhin ; dans la seconde, Diétrich se penche sur la fenêtre à une branche de poirier ; il regarde vers la ville ; dans la troisième, notre seigneur l’empereur est endormi depuis cent ans sur son coude ; sa barbe rousse a percé sa table de pierre, elle en a fait sept fois le tour ; son épée pend sur les murs à un bouleau.



Le Roi.

Laisse-le dormir. Au pied du château regarde : ne vois-tu pas la maison d’un forestier ? Un hibou est sur le toit, il piaule jour et nuit.

Les feuilles des arbres bruissent en été vers la porte comme les pas des squelettes quand ils reviennent de la danse des morts.



Le Veilleur.

J’ai vu la maison du forestier. Trois degrés sont à la porte pour y monter. Sur le bord de la fenêtre il y a des giroflées qui pâlissent et des oeillets qui verdissent. Une cigogne a fait son nid autour de la cheminée. Sous le toit, les murs sont peints de vermillon comme la robe d’une moissonneuse.



Le Roi.

Mon royaume est bien grand : du plus haut escalier de la plus haute église on n’en voit pas la fin. Les sansonnets, quand leurs ailes grisonnent, les corbeaux, quand leur bec jaunit, viennent me dire où il s’arrête.

Eh bien, il n’y a pas dans mon royaume deux bûcherons comme celui qui descend ces trois degrés chaque matin. As-tu rencontré une vieille qui va, en boitant, cueillir du bois mort ? à minuit, quand elle est rentrée, je l’ai vue de mon perron