de vermillon.
Au lieu de ces chants du ciel, écoute
le chant du grillon de ton feu ; pâlis
dans ton âme, jusqu’à la mort, les faces bouffies
de tes séraphins. La viole des archanges a
fini pour toi, je te le dis. Comme une jeune
fille qui jette, en revenant, dans son alcôve,
les roses fanées du bal, jette aussi là tes
souvenirs ; jette là ton ciel bleu, tes
espérances infinies. Sois femme avec les
femmes. Tu ne connais du monde que ce qui se
passe sur les nuages. La vie réelle, ma chère,
est un peu différente de ces fantaisies de
jeune fille. Suis-moi par le pan de ma robe ;
je te montrerai en toutes choses ce que tu
n’as jamais vu : la source tarie, l’écorce
desséchée, le cœur brisé, la coupe vide.
Rachel.
Tout le monde croit ici que je suis votre fille ;
je ne l’ai dit à personne, je vous jure, mon
secret. Mon Dieu, si je savais seulement tous
les ans une fois ce que font les enfants avec
leurs auréoles que je berçais dans le ciel !
Mob.
Crois-tu vraiment que quelqu’un là-haut s’inquiète
aujourd’hui de ce que pense ton cœur ? Oh !
Si tu n’avais perdu que tes ailes, je t’en
referais d’autres volontiers avec mon manteau
de soie ; mais ton cœur aussi n’est plus
ce qu’il était. à présent, les regards et le
sourire du ciel ne le rassasieraient guère ;
il faut qu’il s’enivre, à son tour, de la
dernière larme cachée dans les regards des
passants. Va ! Quand tu auras cueilli pour
moi des feuilles mortes dans la forêt, va
mendier pour toi, si tu le veux, un soupir
d’amour ; quand tu auras rempli pour moi mon
verre de larmes, va remplir pour toi ton verre
des promesses et des songes des jeunes hommes ;
mais ne parle plus des anges. Tu es femme, et
ton sein tremble comme le sein des femmes, tes
yeux se baissent, tes joues pâlissent, si
tu passes dans la rue. Quand le soir le bruit
de l’orgue