Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/282

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ldat.

C’est un bon écuyer à qui on a pris son écu enchanté.



La Cathédrale, à Ahasvérus.

Votre nom, que je le jette sur le nuage qui passe.



Ahasvérus.

Le souffle me manque pour le dire.



Mob.

Qu’est-ce donc qu’un nom pour vous tous, messeigneurs ? Vous en avez assez cueilli de ces feuilles sur mon arbre ; vous en avez assez foulé en marchant dans mes forêts. Que feriez-vous d’un nom de plus ? Le Pape Grégoire, à Ahasvérus. j’y consens. Dis-moi seulement d’où tu viens.



Chœur des Morts.

Oui, d’où viens-tu ? Qui es-tu ? Il ne répond rien, ou les vitres, qui frissonnent, couvrent son murmure. Encore une fois ; qui es-tu ? Parle plus haut, si tu parles.

Le Christ, sur un des vitraux. c’est Ahasvérus, le juif-errant ; et moi, je suis le Christ que vous avez cherché dans vos tombes.

Toute la nuit, je vous ai vus par les vitraux de mon église. Allez, rentrez sous vos dalles jusqu’au jour du jugement dernier.

Saint Marc, sur un des vitraux. seigneur, je vous supplie, n’ajoutez pas un mot de plus ; votre voix a fait déjà tomber de mon vitrail, en éclat, le pan de ma tunique de cristal. Les morts s’en vont en fumée comme un grain d’encens qu’un enfant fait brûler dans la nef ; la cathédrale bondit comme un cheval sous l’éperon ; Ahasvérus a roulé sur les degrés du maître-autel ; et les démons, taillés sur les piliers, sont descendus de leurs colonnes pour déchirer de lanières la jeune fiancée.