Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/326

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e l’univers vide roulera autour de nous, comme une feuille de palmier sous le vent de son désert.



L’Ange.

Que me font tes bracelets ? Ils sont rouillés depuis plus de mille ans ; tes fioles sont fêlées ; elles ont perdu leur odeur. Maintenant il est trop tard ; j’ai trouvé déjà dans une chapelle de Pérouge la madone que j’aime et qui est plus belle que toi.



Babylone.

Mes sœurs viendront-elles aussi à votre fête ? Faut-il mander un messager à Bactres mon aînée, à Ninive qui est assise dans son jardin, à Thèbes qui demeure au désert, à Memphis qui s’est fiancée par delà la montagne, et, pour nous servir d’esclave, à Jérusalem qui remplira nos calumets de senteurs d’Arabie, qui étendra sur le sable nos coussins pour nous asseoir et nos dais de toile contre notre soleil. J’enverrai en avant mes sphinx, mes griffons d’albâtre et mes lions de granit pour qu’ils balayent le sentier par où nous passerons. Les griffons porteront sur leur dos nos outres de vin de l’Idumée, les sphinx nos tentes, les lions nos couronnes qui nous pèsent en chemin.



L’Ange.

Votre table est déjà mise.



Babylone.

Nous n’avons donc rien à emporter que nos dieux ?



L’Ange.

Ils vous attendent.



Babylone.

En quel endroit ?



L’Ange.

Là, dans ta vallée ombreuse.



Babylone.