et, quand nous nous pencherons sur le puits de nos déserts, le crocodile, en nous revoyant, croira que nous sommes allées, dans notre absence, porter l’eau de nos cruches pour abreuver nos troupeaux sur nos places.
Le Père éternel.
Moi-même, je ne peux pas retourner en arrière dans
mon jardin d’éden. Comment feriez-vous, pour
repasser votre seuil et votre porte que j’ai
fermée ? Mon fils et moi nous marchons en
avant dans notre infinité, en poussant devant
nous notre troupeau d’étoiles et de mondes.
Et vous, vous croiriez retrouver toutes seules,
dans la nuit qui se fait après nous, votre
banc pour vous asseoir ? Ce que vous avez été,
vous ne le serez plus. Je connais vos
obélisques et ce que pèsent vos temples.
J’ai tenu dans ma main vos murailles et vos
tours crénelées, avec les marguerites et les
fougères des prairies. Pour remplir mon
éternité, il me faut à présent des noms qui
n’aient jamais été, des bruits qui n’aient
jamais retenti, des épées qui n’aient jamais
brillé hors du fourreau. Pour bâtir la ville
que je fais, il me faut des tours qui n’aient
jamais résonné sous les pas. Rendez-moi vos
murailles empourprées et l’or du soleil que je
vous avais donné. Allez, si vous voulez vous
asseoir, à la porte de ma cité nouvelle,
comme des reines mendiantes, pour montrer le
chemin à ceux qui le demanderont. Pour vos
peuples ressuscités, j’ai planté hors de mes
murailles, mille tentes dans cet endroit de
mon ciel, là, sur le bord de ma voie lactée,
qui blanchit sous mes pas, plus que le chemin
de l’Assyrie. Les rois en auront d’émeraudes ;
les princes, d’argent, et les esclaves de lin
fin, que mes anges ont filées.
Athènes.
De mon rivage, maître, j’entendais en naissant le
bruit qu’elles faisaient en orient sur le bord
de leurs murs.