Page:Quinet - Œuvres complètes, Tome VIII, 1858.djvu/375

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présent, je ne vois plus que le tranchant de ton glaive à ton côté ; oh ! Lève-le sur nos rois.



Chœur des Rois.

Seigneur, c’est nous qui, jusqu’au bout, avons rempli votre lampe d’huile. Montrez-nous le chemin de nos trônes futurs.



Le Père éternel.

L’huile que je voulais s’allume dans les âmes et non pas dans la lampe.



Chœur des Rois.

C’est nous qui avons écrit en lettres d’or votre nom sur notre couronne de laiton.



Le Père éternel.

Arrière, loin d’ici ! Vous avez assez longtemps rongé, comme le comte Ugolin, le crâne de mes peuples. Maudits, disparaissez ! Je ne veux point de vous dans ma nouvelle cité.



Le Néant.

Maître, donnez-moi leurs manteaux pour m’habiller, et pour pâture leur pleur amer.



Le Père éternel.

Prends aussi à ta main leurs sceptres fleurdelisés.

(à Mob.) maintenant, ai-je tout vu ? Le monde est-il fini ?



Mob.

Pas encore, mon Dieu ! Voici l’Amérique qui sort de sa pirogue.



L’Amérique.

Quoi, déjà, seigneur ! à peine si l’eau du déluge était essuyée de mes épaules. Je ne connais pas encore mes rivages, ni les sentiers de mes forêts, ni les sources de mes pampas. Je ne me suis regardée qu’une fois en passant dans les lacs de mes savanes. En un jour, j’ai