Ne regarde pas en bas ; lève tes yeux plus haut, toujours plus haut ! Vois-tu les anges qui pleurent ? Ils ont pitié de nous !
Ahasvérus.
En relevant la tête, j’ai vu le bord d’une tunique
bleue, pareille à celle que les soldats ont
déchirée sur ma porte. Je ne puis plus monter ;
laisse-moi redescendre.
Rachel.
Encore ! Encore ! Appuie-toi sur mon épaule. Oh !
Regarde plus haut ! Ne vois-tu pas des esprits
et des anges qui battent de l’aile ? Dis-le,
dis-le, mon dieu ! Ne les vois-tu pas ?
Ahasvérus.
Non ! Je ne vois rien sur le sommet qu’une croix de
bois avec des clous de bronze qui attendent un
damné. S’il y a ici un sentier, prenons-le pour
retourner sur nos pas.
Rachel.
Les larmes t’ont-elles aveuglé pour toujours que
tu ne reconnaisses pas sur la cime les patriarches
qui nous montrent déjà du doigt ? Et la
vierge Marie qui demande notre pardon à mains
jointes, ne vois-tu pas sa robe sous le nuage ?
Ahasvérus.
Un fardeau pèse sur ma tête ; mon cœur est trop
lourd dans ma poitrine ; il me courbe vers la
terre.
Rachel.
Laisse-moi essuyer tes pleurs de sang avec le voile
de sainte Véronique, encore humide des pleurs
du Christ. Tu approches de la cime. Petits
anges, que j’ai autrefois menés par la main
dans la ville du ciel, ne me connaissez-vous
plus ? étoiles que j’ai semées, rayons de
l